Encyclopédie des savoir-faire
Mobilier National

Entretien et portrait à l'atelier tapisserie d'ameublement Philippe Besnard, chef d’atelier
Temps de lecture 12 min

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Entretien avec Philippe Besnard, chef d’atelier, à l'occasion de l'exposition "L'Esprit et la Main" organisée en 2015 à la Galerie des Gobelins, qui présentait des démonstrations du savoir-faire des ateliers.

Cet entretien, réalisé au sein de l’atelier, retranscrit les propos des restaurateurs le plus fidèlement possible. Il s’agit pour le lecteur de les écouter parler pour s’imprégner de l’esprit de l’atelier.


Quelle est la mission de l’atelier de tapisserie d’ameublement ?

La tapisserie d’ameublement c’est d’abord le garnissage des sièges. La boiserie, appelée aussi le « fût », nous arrive complètement nue. Le but est de restituer ou de restaurer un décor existant ou ayant existé, uniquement grâce à des matériaux traditionnels. Pour nous, le matériau de base, c’est le crin animal qui provient de la queue ou de la crinière du cheval. On essaie d’utiliser des toiles au plus proche de ce qui pouvait exister à l’origine : lin, jute, coton… Ce sont des matériaux encore fabriqués aujourd’hui. Nous avons parfois un peu de mal à trouver ces produits, mais nous essayons avec nos fournisseurs de nous rapprocher des matériaux d’origine. L’intérêt du métier de chef de service et de chef d’atelier, c’est le travail de recherche historique avec les inspecteurs et les conservateurs qui vont nous guider vers les décors existants ou ayant existé.

Les techniciens d’art vont se servir de cette documentation pour faire des reconstitutions à l’identique ou s’inspirer de ces projets d’origine pour redonner vie à un siège, à un meuble, tout en étant cohérent avec son style et son époque.

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L'atelier en 2013, photo Vincent Leroux

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

Avec mes frères et sœurs, on aimait traîner chez nos grands-parents, dans des greniers et des pièces plus ou moins interdites.

On découvrait des trésors qui n’en étaient pas, mais qui nous fascinaient toujours. On avait ce désir d’avoir une baguette magique qui nous permettrait de redonner vie à toutes ces choses abandonnées et laissées pour compte.

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Textiles d'ameublement en réserve, photo Vincent Leroux

Quelle formation faut-il suivre aujourd’hui ?

Pour devenir tapissier, plusieurs possibilités s’offrent aux élèves qui sortent de troisième : une filière courte, un CAP dans un lycée professionnel et des centres de formation d’apprentis (CFA) également. Après, dans ces mêmes établissements, vous pouvez prétendre à d’autres diplômes, comme des bacs professionnels, des DMA (diplômes des métiers d’art), et aussi viser, éventuellement, un diplôme de meilleur ouvrier de France. C’est un métier à conseiller aux jeunes générations, car c’est une véritable tradition française. Il est très rare aujourd’hui de trouver de bons tapissiers. À l’étranger, c’est un métier qui disparaît également, donc j’encourage la jeunesse à s’orienter vers cette profession et surtout à viser haut. Il y a de la demande dans tous les espaces muséaux, beaucoup de travail à faire, de beaux projets et pour l’avenir nous avons besoin de très bons artisans de qualité, avec un maximum d’expérience. Il faut s’orienter vers ce métier dès maintenant, tant que la transmission entre les plus anciens et les plus jeunes peut encore se faire.

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Semences, photo Vincent Leroux, 2013

Quels gestes ou attitudes rythment ou définissent votre savoir-faire ?

Il faut être rigoureux, logique, et avoir un œil aiguisé. Il faut avoir du goût, ainsi que la notion des couleurs. C’est un métier où on détecte tout de suite les personnes qui ont le geste, qui comprennent, en un mot, qui ont du talent.

Certains ont une dextérité naturelle. Le fait d’être précis est également très important, car quand on fixe la garniture sur les bois il y a très peu de marge de manœuvre. On doit aussi considérer le travail des différents corps de métiers qui sont intervenus avant nous sur le siège et respecter leur travail. On doit embellir et non pas faire marche arrière. Cela demande une certaine dextérité et une capacité à concevoir des volumes dans l’espace.

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Finitions sur le fauteuil du boudoir d'argent de Caroline Murat, photo Isabelle Bideau

Pouvez-vous nous parler d’un cas d’école, présent ou non dans l’exposition L’Esprit et la main ? Quelle a été votre démarche ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Le travail de reconstitution à partir des travaux de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert a été très intéressant. Il s’agissait de montrer au public de l’exposition L’Esprit et la main que ce que nous voyons sur la planche de l’Encyclopédie, le technicien peut le traduire avec toute l’humilité qui le caractérise. Cela me rappelle ce que disait un inspecteur du Mobilier national : « Parfois on lit un livre d’inventaire et cela n’est pas très évident, mais quand on le fait lire à un technicien, il va tout de suite identifier les matériaux, les volumes et les termes… » Avec l’alliance de l’inspecteur-conservateur et du technicien, nous arrivons à restituer des objets, à passer du texte et de la gravure à la réalité.

C’est ce qui est intéressant pour ce fauteuil : nous avons essayé de trouver dans nos réserves un siège d’époque Louis XV, richement sculpté… en mixant l’ensemble, en observant la gravure, le technicien a réussi à recréer quelque chose qui était de l’ordre du dessin ou de l’archive.


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Planches sur l'art du tapissier, Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, 1762-1772
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Le recours aux archives des interventions des ateliers, à l'exposition L'Esprit et la main, photo Yvan Moreau, 2015

Pour l’exposition sur le bivouac de Napoléon, quand nous avons dû restituer la literie de l’Empereur, étaient décrits les matériaux employés, leur poids, nous avons pu la refaire exactement avec les mêmes quantités. Parfois on peut être surpris, on s’aperçoit que, par rapport à ce qui est écrit, ou par rapport à des dessins, il y a de petites erreurs, car les auteurs n’étaient pas forcément là lors de l’utilisation des objets. En recoupant les informations, on se rend compte qu’on ne peut pas uniquement se fonder sur l’iconographie. Le texte, les commandes, les livres d’inventaire nous donnent parfois des informations un peu contradictoires, mais il faut équilibrer tout cela. Il arrive que les documents que nous avons, les textiles d’origine qui nous restent confirment nos choix. C’est cela que nous avons voulu faire revivre, car ce sont aussi des techniques qui se perdent.

C’est aussi toujours intéressant de montrer au public des objets qui vont à la Présidence de la République. Qu’est-ce que le premier homme de France a à sa disposition ? Les coulisses de la République intéressent forcément les citoyens. Et, c’est normal que le public puisse voir ce qui est fait dans ce cadre et le degré d’excellence qui est mis à disposition.

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Fauteuil du boudoir d'argent de Caroline Murat, GMT 18590, photo Isabelle Biseau en 2013

Avez-vous assisté à une évolution qui a marqué votre profession en termes de techniques ou de technologies ?

La déontologie est différente aujourd’hui. On dose beaucoup plus nos interventions. Elles ne sont plus systématiques et drastiques. L’intégrité de l’œuvre est importante.

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Fauteuil de représentation du roi de Rome, derniers soins avant photo, photo Isabelle Bideau
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Fauteuil GMT 1306 à nu, photo droits réservés
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Fauteuil GMT 1306 à l'atelier, photo Isabelle Bideau
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Fauteuil GMT 1306 sorti d'atelier en 2013, photo Isabelle Bideau

Qu’est-ce qui fait la spécificité du travail au Mobilier national ?

La situation géographique, la taille des locaux, la richesse de la collection (mobilier de grande qualité), le fait que les bois soient systématiquement revus et restaurés, le confort de travail. La notion de temps est également différente. La qualité des matériaux employés, les moyens offerts sont non négligeables par rapport aux ateliers privés.

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L'atelier, photo Isabelle Bideau

En quelques mots, s’il fallait restituer l’esprit de l’atelier dans lequel vous travaillez au Mobilier national, que diriez-vous ?

La tradition, le respect, le bon goût, la technique.

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Fauteuil de l'ensemble Les Contes de Weber à l'atelier, photo Isabelle Bideau

Comment envisagez-vous l’exercice de votre profession dans vingt ans ? dans cent ans ?

Je ne souhaite pas d’évolution particulière, mais je ne souhaite pas de régression.

J’espère que les établissements qui transmettent les savoir-faire garderont les mêmes exigences que celle du Mobilier national aujourd’hui, tant dans le secteur privé que par l’enseignement dispensé par l’Éducation nationale. Le niveau de l’apprentissage me paraît insuffisant. Aujourd’hui, nous avons des élèves diplômés mais qui ne sont pas de bons tapissiers, du moins ils ne sont pas prêts du tout.

Avant, il y avait beaucoup plus d’heures de technique dans le parcours scolaire. Je suis assez déçu par les formations dispensées. Je suis inquiet. Il faut conjuguer les deux facteurs suivants : une bonne dextérité dans une bonne maison. Il faut aussi des débouchés clairs pour ces jeunes, car former sans une bonne offre à la clé, c’est inutile.

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Crin, photo Vincent Leroux en 2013

Comment avez-vous pensé et vécu l’exposition L’Esprit et la main ?

L’atelier a été suivi dans ses choix par l’équipe qui a travaillé sur l’exposition. Dans la mesure où la technique évolue en fonction des époques et se plie aux styles des meubles, j’ai souhaité montrer un panel assez large de styles et d’époques pour avoir cette chronologie, cette évolution, passer des formes rondes et onctueuses du début du XVIIIe siècle jusqu’à des formes très calibrées, très précises, plus architecturales, que nous retrouvons sur le mobilier d’époque Louis XVI ou sous l’Empire. Après on va jusqu’au XIXe siècle, où l’apparition du ressort et du capiton donne des formes encore différentes.

Malgré ces évolutions, les matériaux et la technique de garniture conservent des similitudes à travers les époques : les bases sont toujours là, à savoir le crin, la garniture piquée et le principe de sanglage qui s’est plié à chacune des époques et des formes.

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L'atelier à l'exposition L'Esprit et la main en 2015, photo Yvan Moreau

Nous présentons également des techniques plus muséales et conservatoires, car l’aboutissement de nos techniques de garniture aujourd’hui se traduit par le travail des mousses, comme nous l’avons fait pour le fauteuil du roi de Rome (GMT 1228) avec une mousse amovible de conservation. L’illusion est donnée et il y a une réversibilité totale ainsi qu’une non-intervention sur le bois. Pour réaliser ce type de projet, le bois n’a pas besoin d’être restauré, il peut rester dans son état d’origine, c’est-à-dire avec ses trous, ses marques, ses accidents, le garnissage devient un leurre, une simulation, une évocation. Il est évidemment toujours possible de faire mieux, mais ce siège ne servant pas, nous avons souhaité qu’il ne soit plus restauré, qu’on ne rebouche plus les trous, qu’on ne fasse plus de restauration du bois car, dès qu’on doit clouer dans un siège, ça demande des opérations importantes. Des bois trop fragilisés doivent être changés, recollés… Là, cela permet de travailler sur un fût brut de restauration, juste consolidé. Certains scientifiques considèrent aujourd’hui que clouer, c’est abîmer. C’est pourquoi, pour ces objets hautement patrimoniaux, nous proposons des techniques différentes. Évidemment, ce n’est valable que pour des objets voués à être exposés et non pour des objets d’usage. Cela ne doit pas se substituer aux techniques traditionnelles, car on risquerait de les perdre. Il faut savoir trouver un compromis entre les deux, notamment pour la transmission des techniques aux générations futures.

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Fauteuil de représentation du roi de Rome sorti d'atelier en 2013, GMT 1228, photo Mobilier national
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Étape 1 à l'atelier des menuisiers en sièges, photo Isabelle Bideau
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Étape 2 chez les tapissiers l'ameublement, photo Isabelle Bideau
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Le fauteuil sorti d'atelier en 2013, photo Isabelle Bideau

Quel est le message le plus important que vous souhaitez transmettre sur votre profession à travers cette exposition ?

Il nous importe de faire connaître ce métier afin que le public prenne conscience de l’existence des anciennes garnitures.

Ces techniques très complexes existaient avant l’invention des matériaux synthétiques. Le travail du tapissier est flatteur par l’usage des tissus mais il est méconnu, et le travail du garnissage est complètement caché. Rares sont ceux qui ont vu le dessous d’un siège traditionnel. Cela demande des heures de travail qui ne sont pas imaginables quand le siège est terminé.

Pour nous, c’est la partie la plus complexe, car on réalise une sculpture avec du crin, de la toile, des clous et de la ficelle.

Poser un tissu n’est pas toujours facile, mais quand on en est là, c’est que le plus gros du travail est fait. C’est toute cette face cachée qui gagnerait à être connue.

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Une chaise à toutes ses étapes de restauration, à l'exposition L'Esprit et la main en 2015, photo Yvan Moreau

Quand les visiteurs viennent à nous, ils disent : « Ah ! oui ! je me rappelle, il y avait les tapissiers qui cardaient dans la cour… » ou « Quand ils venaient chez nous faire des matelas avec de la laine… », cela leur rappelle un souvenir d’antan. Les anciennes générations l’ont vu, mais les nouvelles ne le soupçonnent pas. C’est aussi intéressant de pouvoir donner une idée du temps que nous passons à faire ce genre de décor, et justement, quand le public veut toucher, c’est le moment de leur expliquer les dégradations que cela occasionne.

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Crin, photo Vincent Leroux

Selon vous quel est l’impact de cette exposition à long terme sur les publics et que vous apporte cette rencontre avec eux ?

Ce que j’espère, c’est un succès public et que notamment ceux qui ont pratiqué en tant qu’amateurs cette technique viennent. Cela peut sans doute les orienter, les guider dans leur démarche, pour le respect des objets. Un tapissier novice qui se lance dans le garnissage d’un siège, cela peut être très dommageable si l’on s’y prend de façon maladroite et cela peut occasionner des dégâts irréversibles.

Au XXIe siècle, on peut encore reproduire assez fidèlement un geste du XVIIIe siècle. Pour moi, c’est important, et le public y est également attaché. La recherche du savoir bien faire, et non pas d’un résultat rapide, du rendement, permet d’introduire la notion de temps dans le travail. Dans le travail artisanal, il y a un facteur temps important. Les notions de patience, de temps et de goût. Il faut essayer d’insuffler le bon goût français, qui est une référence depuis le XVIIIe siècle et aujourd’hui encore.

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Exposition L'Esprit et la main en 2015, photo Yvan Moreau

La France reste une référence en termes de mode, de techniques traditionnelles, de métiers d’art. Il faut essayer de perpétuer tout cela. Il fut un temps où le public pouvait penser que notre métier était réservé aux privilégiés, aux élites ; aujourd’hui il a conscience que notre travail est réalisé au profit de notre patrimoine, de notre histoire et de notre culture.

Le public l’a vraiment saisi, avec cette exposition, et l’apprend grâce à des émissions qui ont pu être réalisées. Nous ne sommes pas seulement au service du luxe et du pouvoir, mais aussi une représentation culturelle de nos métiers auprès de lui. Nous sommes les ambassadeurs du savoir-faire français. Le public apprécie. Si cela pouvait créer des vocations, notamment chez les jeunes, qu’il faut sensibiliser très tôt, ce serait une réussite totale.

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Armoires des matières premières, photo Vincent Leroux

Comment avez-vous réussi à recréer votre atelier dans l’espace de l’exposition ? Comment vous l’êtes-vous approprié ?

Nous avons recréé l’atelier par rapport aux postes de travail présents dans le bâtiment d’Auguste Perret. C’était assez facile pour nous, car ce sont des postes sur tréteaux. Il y a deux façons de travailler : soit au tabouret, c’est-à-dire le siège au sol, le technicien assis sur un tabouret – il y a encore beaucoup de tapissiers qui le pratiquent –, soit debout. Au Mobilier national, le restaurateur travaille sur tréteaux et plateaux car évidemment quand on travaille avec le siège entre les jambes on risque d’endommager les bois : étant posés sur tréteaux, ils sont à bonne hauteur, on les manipule moins, ils sont moins sollicités. C’est pour cela que nous avons définitivement adopté le travail sur tréteaux et planches.

Dans l’exposition, en plus du poste de travail d’un tapissier d’aujourd’hui, nous souhaitions recréer un poste de travail dans le goût du XVIIIe siècle avec des techniques un peu différentes de celles qui sont pratiquées aujourd’hui, c’est pourquoi nous proposons ce siège en écorché d’après l’Encyclopédie de Diderot.

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L'atelier à l'exposition L'Esprit et la main en 2015, photo Yvan Moreau

Nous avons placé la gravure à côté pour retrouver les similitudes et les différences. Le travail sur tréteaux existait déjà. Je souhaitais aussi montrer l’évolution des techniques, montrer les dessertes métalliques de l’atelier. Un bon poste de travail, c’est avoir une bonne chaise quand on travaille assis, montrer que nous travaillons également debout aussi avec des tréteaux qu’on règle à hauteur et que nous nous entourons des matériaux dont nous avons besoin : des toiles, du crin…

À part le décor, c’est le même mode de travail qu’au sein du bâtiment du Mobilier national.

Le travail est purement manuel, il n’y a pas de machines à déplacer dans la galerie des Gobelins, donc c’était facile à mettre en place, c’était cohérent. Ce qui est différent, c’est l’environnement : le regard du public, un espace confiné…

Les choses sont un peu plus figées. Le technicien n’est pas à l’aise de la même façon, mais le but c’est que le public puisse avoir des démonstrations ponctuelles, qu’il assiste à différentes étapes de la restauration d’un objet afin de le voir évoluer.

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Planches de L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, 1762-1772
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Fauteuil de Caroline Murat dans le boudoir d'argent à l'Élysée, époque Empire, GMT 18590-2, photo Isabelle Bideau
Bibliographie

Ch. Naffah-Bayle dir., L'Esprit et la Main, Gourcuff Granedigo, 2015.

Crédits photo

Isabelle Bideau.